ConnaissanceDuMilieu

Connaissance du milieu

Connaissances de la mer et de la météo

Introduction

Ce chapitre présente les notions essentielles sur les phénomènes physiques qui définissent les intéractions entre l'atmosphère, la mer, la terre et les astres, qui sont à l’origine de paramètres clés pour la pratique du seatrekking telles que le vent, la houle, les vagues, les marées, les courants, les précipitations, la visibilité et les températures.

Chaque notion est abordée succinctement sans l’ambition ni l’objectif d’être exhaustif. En se familiarisant avec ces éléments clés, les seatrekkers seront en mesure de planifier et de pratiquer en sécurité, en comprenant les facteurs qui influent sur leur expérience en mer

Pression atmosphérique et systèmes météorologiques

La pression atmosphérique est la pression de l'air correspondant à la force exercée par le poids de la colonne d'air au dessus. Cette pression dépend donc de l'altitude, mais elle dépend aussi de la circulation atmosphérique globale, des systèmes météorologiques et vents locaux.

Les systèmes météorologiques et la pression atmosphérique sont étroitement liés. En effet, les variations de la pression atmosphérique créent des gradients de pression, qui génèrent des déplacements de l'air, qui forment les systèmes météorologiques.

Les systèmes météorologiques sont des structures complexes dans l'atmosphère qui influencent le temps et le climat sur une région donnée. Les systèmes météorologiques ont un impact significatif sur la météo marine, influençant la formation du vent, de la houle et des vagues qui sont des paramètres importants pour la pratique seatrekking.

Les dépressions, sont des zones où la pression atmosphérique est relativement basse par rapport aux zones environnantes. Elles se forment lorsque de l'air chaud et humide s'élève, créant une zone de basse pression à la surface, et sont associées à des conditions météorologiques instables, telles que des nuages épais, des précipitations, des vents forts et des conditions de mer agitée.

Les anticyclones sont des zones où la pression atmosphérique est relativement élevée par rapport aux zones environnantes. Ils se forment lorsque de l'air froid et sec descend vers la surface, créant une zone de haute pression, et sont associés à des conditions météorologiques calmes et stables, avec peu de nuages et peu de précipitations. Ils sont souvent accompagnés de ciel dégagé, de vents faibles et de conditions de mer calme.

À retenir : La surveillance et l’interprétation des variations de pression atmosphérique et des systèmes météorologiques sont essentiels pour la plannification des activités en mer et le long du littoral. Les périodes d'anticyclone avec leurs conditions plus clémentes sont les plus propices au seatrekking.

Houle

Les systèmes météorologiques ont un lien direct avec la formation des vents, qui créent vagues et houle. Un vent qui souffle localement génère des conditions de mer et des vagues appelées “la mer du vent”. Cette mer du vent est d'autant plus forte que le vent est fort, ou souffle longtemps, ou sur une distance importante. Ces vagues se transforment en houle lorsque le vent faiblit ou lorsqu'elles se propagent sur de longues distances, souvent des centaines ou même des milliers de kilomètres. La houle se transforme à l’approche des côtes lorsque la profondeur diminue, notamment elle s’élève et peut changer de direction selon la topologie des fonds et de la côte, ou des courants. Enfin la houle déferle sur des hauts-fonds ou sur le rivage.

Les charactéristiques clés de la houle sont :

  • Direction : indique la provenance de la houle par rapport à un point de référence, elle est mesurée en degrés par rapport au nord.
  • Hauteur : correspond à la distance verticale entre le creux et la crête d'une vague, elle est mesurée en mètres du creux jusqu'au sommet de la crête.
  • Période : La période de la houle est le temps nécessaire à une vague pour se déplacer sur une distance correspondant à une longueur d'onde, elle est mesurée en secondes. Plus la période est grande, plus les vagues avancent vite et plus elles seront puissantes à leur arrivée sur le rivage.

Une catégorisation simplifiée de la houle sont:

  • Petite houle hauteur < 1.5m période < 9s
  • Moyenne houle 1.5m < hauteur < 3m 9s < période < 11s
  • Grande houle hauteur > 3m période > 12s

À retenir : Pour le seatrekking, les conditions optimales sont celles d’une petite houle, ou de l’absence de houle, car cela facilite les entrées et sorties de l’eau ainsi que la progression et la navigation en mer.

Vagues

Les vagues sont générées par les vents localisés qui transfèrent leur énergie à la surface de l'eau et créent ces ondulations que nous observons comme des vagues. Les vagues créées par le vent localisé, aussi appelées “la mer du vent” ont les mêmes caractéristiques que la houle, mais bien souvent des valeurs différentes.

En effet, la direction, la hauteur et la régularité des vagues localisées sont bien souvent différentes de celles de la houle. Ainsi, les vagues de la mer du vent peuvent être plus hautes comme plus basses que la houle, peuvent avoir une direction générale différente de celle de la houle (la direction du vent local étant rarement la même que celle de la houle), on parle alors de “mer croisée”, et irrégulières, voire chaotiques en fonction du vent et des caractéristiques de la côte.

La houle et les vagues se combinent pour donner l’état de la mer. Les modèles de météorologie marine intègrent cette notion et offrent souvent une hauteur de “mer totale”.

Une catégorisation des vagues est donnée par l’échelle de Douglas:

NiveauÉtat de la merHauteur des vagues
0mer calme et sans ridehauteur = 0 m
1mer calme mais ridée0 < hauteur < 0,10 m
2mer belle (présence de vaguelettes)0,10 < hauteur < 0,50 m
3mer peu agitée0,50 < hauteur < 1,25 m
4mer agitée1,25 < hauteur < 1,50 m
5mer forte2,50 < hauteur < 4,00 m
6mer très forte4.00 < hauteur < 6,00 m
7mer grosse6,00 < hauteur < 9,00 m
8mer grosse9,00 < hauteur < 14,00 m
9mer énormehauteur > 14,00 m

À retenir : L’analyse des caractéristiques de la houle et des vagues générées par le vent local ainsi que la prise en compte de la hauteur de la mer totale est essentiel pour la planification des activités en mer et le long du littoral. Pour le seatrekking, les conditions optimales sont une mer totale calme à peu agitée, car cela facilite les entrées et sorties de l’eau ainsi que la progression et la navigation en mer.

Vent

Le vent est essentiellement causé par les différences de pression atmosphérique entre différentes régions de la terre et les systèmes météorologiques.

Les charactéristiques du vent sont:

  • Direction : indique la provenance du vent par rapport à un point de référence, elle est mesurée en degrés par rapport au nord.
  • Force et vitesse : généralement mesurée en nœuds et/ou kilomètres par heure (km/h), plus la vitesse du vent est élévée plus le vent exerce de force sur les éléments qu’il rencontre.
  • Tendance : la vitesse du vent peut être stable, s’accélerer (on dit alors que le vent “forcit”), ou ralentir (on dit alors que le vent “molli”).
  • Régularité: le vent peut être régulier ou irrégulier. Le vent peut présenter des variations significatives de vitesse appellées “raffales” ou “saute de vent”. Dans certains cas ces variations de la force vent sont appelé “grain” lorsque l’épisode est particulièrement prononcé et accompagné de précipitations.

Une catégorisation des vagues est donnée par l’échelle de Beaufort :

ForceÉtat du ventNœudsKm/hEffets sur la merEffets sur terre
0Calme< 1< 1MiroirLa fumée monte verticalement
1Très légère brise1 à 31 à 5Quelques ridesLa fumée indique la direction du vent. Les girouettes ne s'orientent pas
2Légère brise4 à 66 à 11Vaguelettes ne déferlant pasOn sent le vent sur la figure, les feuilles bougent
3Petite brise7 à 1012 à 19Apparition de moutonsLes poussières s'envolent, les petites branches plient
4Jolie brise11 à 1620 à 28Petites vagues, de nombreux moutonsLes drapeaux flottent bien. Les feuilles sont sans cesse en mouvement
5Bonne brise17 à 2129 à 38Vagues modérées, moutons, embrunsLes petits arbres balancent. Les sommets de tous les arbres sont agités
6Vent frais22 à 2739 à 49Crêtes d'écumes blanches, lames, embrunsOn entend siffler le vent
7Grand frais28 à 3350 à 61Trainées d'écumes, lames déferlantesTous les arbres s'agitent
8Coup de vent34 à 4062 à 74Tourbillons d'écumes à la crête des lames, trainées d'écumesQuelques branches cassent
9Fort coup de vent41 à 4775 à 88Lames déferlantes grosses à énormes, visibilité réduite par les embrunsLe vent peut endommager les bâtiments
10Tempête48 à 5589 à 102Conditions exceptionnellesGros dégâts
11Violente tempête56 à 63103 à 117Conditions exceptionnellesGros dégâts
12Ouragan> 63> 118Conditions exceptionnellesGros dégâts

Quatre autres notions liés au vent sont aussi intéressantes à appréhender pour la pratique du seatrekking.

Brise thermique

A certaines époque de l’année, dans l’hémisphère nord principalement, en été, et le long de certaines côtes, une brise thermique peut se former lors de belles journées chaudes et ensolleillées. La brise thermique résulte de la différence de température entre la surface de la terre et la mer. Sous l'action du rayonnement solaire, la terre se réchauffe plus vite que la mer. L’air chaud et sec au dessus de la terre s’élève, créant une dépression atmosphérique qui attire l’air froid et humide de la mer, générant un déplacement d’air qui se fait de la mer vers la terre que l’on appelle brise de mer. Le phénomène s’inverse la nuit, que l’on appelle brise de terre dont l’intensité est moindre.

Effet Venturi

L'effet venturi est un phénomène physique qui se produit lorsque le vent est contraint et canalisé par la côte. Lorsque c’est le cas, la vitesse de l'air augmente localement et change de direction. L'effet venturi peut se produire dans des passes étroites entre les îles ou le long de côtes où le relief géographique contraint le flux du vent. L'augmentation de la vitesse du vent peut entraîner des conditions météorologiques locales plus intenses, telles que des rafales de vent plus fortes et des conditions de navigation plus difficiles. Typiquement, les passages de pointe, les sections le long des falaises ou les traversées entre les îles sont souvent des zones de vent plus intenses qui rendent la progression plus délicate.

Zones de déventement

Les zones de déventement, aussi appelées zones de calme, sont des zones où le vent est particulièrement faible ou même inexistant. Ces zones peuvent être créées par divers facteurs, tels que la présence d'obstacles naturels comme des îles, des pointes, ou des falaises, qui bloquent le vent et créent des zones de protection contre le vent. Ces zones sont appréciées des seatrekkers car elles offrent des conditions de navigation plus calmes et plus sûres, propices à la découverte du milieu naturel. Il est cependant important de rester conscient des changements de météo et de tenir du compte des conditions réelles lorsque l'on quitte ces zones de déventement.

Vent onshore et offshore

Le vents provenant de la terre et soufflant vers la mer est dit “offshore”, il pousse potentiellement le seatrekker vers le large. Le vent provenant de la mer est dit “onshore”, il pousse le seatrekker vers la côte, il est donc plus sécurisant et plus sûr. Dans certains cas un vent “offshore” est idéal pour le seatrekker quand il se trouve dans une zone de déventement. Par exemple lorsque le seatrekker progresse le long d’une falaise alors que le vent souffle de la terre vers la mer. Le pratiquant se retrouve alors dans une zone de calme, sans risque d’être poussé vers le large par le vent.

À retenir : Le vent est un phénomène crucial à appréhender lors de la préparation et de la pratique du seatrekking. Sa force, sa direction, son évolution de même que les phénomènes locaux comme la brise de mer, l’effet Venturi et les zones de déventement sont à apprécier avat toute sortie en mer. Pour le seatrekking, les conditions optimales sont des vents de force 4 ou moins, stables ou mollissant, et venant de la mer (donc de type “onshore”), sauf cas particuliers.

Marées

Les marées sont causées principalement par l'attraction gravitationnelle de la Lune et du Soleil sur les masses d'eau des océans. Ce phénomène naturel est parfaitement prévisible grâce à des calculs astronomiques. Il existe ainsi un calendrier officiel des marées appelé "l'annuaire des marées", publié chaque année par le SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine).

Les marées suivent une évolution répétitive et alternative, à l'image d'une sinusoïde. Chaque jour à une heure différente le niveau de la mer monte et descend, avec deux marées hautes et deux marées basses qui se succèdent toutes les 6 heures environ. La force d'attraction de la Lune étant environ deux fois plus importante que celle du Soleil en raison de sa proximité avec la Terre, ce cycle se décale d'environ 50 minutes chaque jour, en raison de la durée de rotation de la Lune autour de la Terre qui est de 24h50.

L'amplitude et les horaires des marées varient fortement selon les régions du globe. En France par exemple, le marnage (différence de hauteur d'eau entre une pleine mer et une basse mer) peut aller de moins de 1 mètre en Méditerranée à plus de 12 mètres dans la baie du Mont-Saint-Michel. À seulement quelques centaines de kilomètres d'écart, les écarts de marnage et d'horaires de marées peuvent être très importants, il est donc primordial de bien se renseigner avant de se mettre à l'eau.

Une marée se décompose en plusieurs phases qui se succèdent sur une période d'environ 12 heures :

  1. La marée basse (ou basse mer) : niveau le plus bas atteint par la mer
  2. Le flot (ou flux) : période de marée montante qui dure environ 6h
  3. L'étale : courte période où la mer est stable entre deux marées, haute ou basse
  4. La marée haute (ou pleine mer) : niveau le plus haut atteint par la mer
  5. Le jusant (ou reflux) : période de marée descendante qui dure environ 6h
  6. Le marnage : différence de hauteur d'eau entre une pleine mer et une basse mer
  7. L'estran : zone côtière située entre les marées hautes et basses, recouverte et découverte par les marées.

Plus le marnage est important, plus la quantité d'estran (zone découverte à marée basse) est grande, et plus les courants, qui représentent le déplacement de l'eau au cours de ce cycle est important.

En France, l'intensité d'une marée est exprimée par un coefficient allant de 20 à 120, plus le coefficient est élevé, plus la marée est forte :

  • Coefficient 120 : plus grande marée connue (marée d'équinoxe)
  • Coefficient 95 : vive-eau moyenne (grande marée coefficient 70 : marée moyenne
  • Coefficient 45 : morte-eau moyenne (marée de faible amplitude)
  • Coefficient 20 : plus faible marée connue

Aux équinoxes de printemps (vers le 21 mars) et d'automne (vers le 23 septembre), l'alignement Terre-Lune-Soleil provoque des marées de très forte amplitude appelées marées d'équinoxe ou grandes marées. Les coefficients de marée peuvent alors atteindre 120, donnant lieu à de très grands marnages. Ces marées exceptionnelles se produisent avec un décalage d'un à deux jours après la pleine lune ou la nouvelle lune.

Un point important à comprendre sur le fonctionnement des marées en Bretagne et dans la Manche, est qu'à marée montante, c'est l'eau de l'Atlantique qui pénètre dans la Manche et fait monter le niveau de la mer. À l'inverse, quand la marée redescend, l'eau de la Manche se vide dans l'océan Atlantique. Avoir conscience de ce va-et-vient des masses d'eau entre l'Atlantique et la Manche est très utile pour comprendre dans quel sens va s'écouler le courant principal. Quand la marée monte, le courant dominant ira d'ouest en est, poussé par l'eau venant de l'Atlantique. Quand la marée descend, le reflux se fera globalement d'est en ouest, l'eau retournant vers le large. Cet apport d'eau de l'océan explique aussi pourquoi l'amplitude des marées est bien plus forte en Manche que dans des mers fermées comme la Méditerranée. Donc même si les forces gravitationnelles de la Lune et du Soleil sont le moteur des marées, c'est la configuration géographique, avec la Manche ouverte sur l'Atlantique, qui détermine localement la puissance des courants de marée et l'importance du marnage.

Contrairement aux côtes atlantiques, la mer Méditerranée est très peu soumise au phénomène des marées. Le marnage y est généralement inférieur à 1 mètre. Cela s'explique par sa configuration géographique quasi-fermée qui empêche la propagation de l'onde de marée. Les marées n'ont donc quasiment aucune influence pour la pratique du seatrekking en Méditerranée.

En comprenant mieux le phénomène des marées, vous pourrez adapter vos sorties de seatrekking en fonction des horaires et des coefficients, afin de profiter au mieux de l'estran et des paysages façonnés par ce mouvement perpétuel de l'océan. N'oubliez pas de toujours vous référer à l'annuaire des marées de l'année en cours avant vos excursions.

Courants

Les courants marins sont principalement générés par les marées, qui mettent en mouvement d'immenses masses d'eau. Lorsque la marée monte (flot) ou descend (jusant), l'eau se déplace, créant ainsi des courants. Cependant, les courants ne sont pas uniquement le résultat des marées. Ils sont aussi influencés par des phénomènes locaux comme la configuration du littoral, la topographie des fonds marins ou encore le vent.

Les courants de marée sont directement liés au cycle des marées. Lors du flot (marées dite "montante"), l'eau se déplace vers la côte, tandis qu'au jusant (marée dite "descendante"), elle s'en éloigne. La vitesse de ces courants varie en fonction de l'amplitude de la marée et de la configuration des côtes. Dans les zones resserrées comme les baies, des estuaires, autour ou entre des îles, les courants de marée peuvent être plus intenses.

Le vent agissant sur la surface de l'eau génère des courants de surface. Plus le vent est fort et constant, plus ces courants sont puissants. Ils se propagent dans la direction du vent. Il est fréquent d'observer des courants de surface allant dans une direction différente voire opposée aux courants de fond. Cette stratification des courants peut être due à la topographie de la côte ou marine, ou bien encore à des différences de densité de l'eau liées à la température et/ou à la salinité.

Pour comprendre le comportement des courants, quelques notions d'hydrodynamique sont utiles. L'eau, comme tout fluide, s'écoule de manière laminaire ou turbulente. En régime laminaire, les filets d'eau sont rectilignes et "glissent" les uns sur les autres sans se mélanger, mais en régime turbulent, des tourbillons peuvent apparaître, créant un brassage de l'eau qui peut être non seulement incommodant mais aussi dangereux. La vitesse d'un courant est généralement plus faible sur les bords qu'au centre en raison des frottements et des turbulences. C'est pourquoi il est souvent plus facile de progresser près du rivage que dans l'axe d'un chenal.

Lors d'une sortie de seatrekking, il est primordial de savoir repérer la présence d'un courant et d'en évaluer la direction et la force. Plusieurs indices visuels permettent de détecter un courant comme la déformation de la surface de l'eau, la présence de remous, l'orientation des algues, ou encore le déplacement des particules en suspension ou du plancton. En observant des objets flottants ou la trajectoire de bulles d'air sous l'eau, on peut déterminer la direction et la vitesse du courant. Ces techniques d'observation seront détaillées dans le chapitre "Pendant la sortie".

Les courants représentent l'un des principaux dangers en seatrekking. Un courant puissant peut rapidement épuiser un nageur, même expérimenté, et l'entraîner au large. Il est donc essentiel de ne jamais sous-estimer la force d'un courant et de ne pas chercher à le combattre de front. En cas de courant traversier, il est recommandé de nager perpendiculairement au courant pour s'en extraire, plutôt que de lutter directement contre lui. D'autres techniques de nage en courant seront abordées dans le chapitre "Prévention des risques".

En comprenant mieux les différents types de courants, leur mode de formation et leur influence sur la nage, vous serez plus à même d'adapter vos itinéraires de seatrekking. Gardez toujours à l'esprit que les courants peuvent être dangereux s'ils sont mal appréhendés. Votre sécurité dépend de votre capacité à les repérer et à réagir de manière appropriée.

Précipitations et visibilité

Plusieurs phénomènes météorologiques peuvent dégrader la visibilité en surface lors d'une sortie de seatrekking, ce qui a le potentiel d'impacter voire de limiter les activités possibles et d'augmenter la vigilance et de préparation.

En surface les précipitations (pluie, bruine, grêle) réduisent la transparence de l'air et limitent la distance à laquelle on peut voir distinctement. La présence de brume et de brouillard (on parle de brume lorsque la visibilité est comprise entre 1 et 5 km, et de brouillard en dessous de 1 km) n'est pas rare le long des côtes. En particulier la brume dite "de mer" se forme elle lorsque de l'air chaud et humide entre en contact avec une mer plus froide et survient fréquemment à certaines saisons.

Les facteurs affectant la visibilité sous l'eau sont multiples:

  • Les précipitations, les cours d'eau ou les courants de marée brassent les sédiments et augmentent la turbidité.
  • Les particules en suspension comme le plancton diffusent la lumière et réduisent la distance à laquelle on peut voir sous l'eau. À certaines périodes de l'année, le phytoplancton se multiplie de façon explosive, on parle alors de 'bloom', colorant l'eau et limitant fortement la visibilité.
  • En brassant le fond, la houle et les vagues remettent en suspension le sable et le sédiment, troublant l'eau. Plus les vagues sont hautes et puissantes, plus cet effet est marqué.
  • La thermocline est une zone de transition thermique entre les eaux de surface et les eaux profondes qui provoque une diffraction de la lumière qui peut brouiller la vision sous l'eau

Une bonne visibilité, tant en surface que sous l'eau, est un facteur clé pour une sortie de seatrekking réussie et sécurisée :

  • Repérage et orientation : bien voir la côte, les reliefs remarquables et les autres pratiquants permet de s'orienter et de suivre l'itinéraire prévu sans s'égarer
  • Anticipation des dangers : repérer de loin un changement de couleur de l'eau, des vagues, des rochers affleurants, etc. donne le temps au seatrekkeur de les éviter
  • Communication dans le groupe : en visibilité réduite, il est difficile de garder un contact visuel entre pratiquants et de transmettre des consignes, augmentant les risques de dispersion du groupe et donc les risques
  • Observation de la faune et de la flore : l'intérêt du seatrekking réside aussi dans la découverte des paysages sous-marins. Une eau claire permet d'en profiter au mieux et constitue souvent une des motivations principales des pratiquants.

Le seatrekkeur avisé se doit de consulter attentivement les prévisions météorologiques, en particulier le risque de brume et de brouillard, avant de se mettre à l'eau et de s'aventurer dans le "gris". Une fois sur site, l'observation des conditions réelles de visibilité, en surface et sous l'eau, dictera le choix de l'itinéraire et des temps d'immersion, et ainsi adapter sa pratique du seatrekking en toute sécurité malgré une visibilité dégradée.

Température et humidité

Température réelle et ressentie

Lorsqu'on parle de température, il est important de distinguer la température réelle, mesurée par un thermomètre, et la température ressentie par le corps humain. Cette dernière dépend de plusieurs facteurs, notamment le vent et l'humidité. Le vent accélère les échanges thermiques entre la peau et l'air, accentuant la sensation de froid. C'est le principe du "windchill" ou facteur vent. Plus le vent est fort, plus la température ressentie est basse par rapport à la température réelle. L'humidité joue également un rôle dans la perception du froid. L'eau ayant une conductivité thermique bien supérieure à celle de l'air, un air humide favorise les échanges de chaleur et donne une impression de froid plus intense.

La température de l'eau, un facteur clé

En seatrekking, la température de l'eau est un paramètre essentiel à prendre en compte. Le corps humain perd sa chaleur 4 à 5 fois plus vite dans l'eau que dans l'air. Ainsi, une eau à 15°C peut paraître très froide, même si la température de l'air est douce. Cette déperdition rapide de chaleur dans l'eau s'explique par plusieurs phénomènes :

  • La conductivité thermique de l'eau, 25 fois supérieure à celle de l'air
  • La capacité calorifique de l'eau, 4 fois plus élevée que celle de l'air
  • Les mouvements de l'eau (courants, vagues) accélèrent les échanges thermiques

Apprécier le confort thermique

La perception du froid et du chaud varie d'une personne à l'autre en fonction de sa morphologie, de son acclimatation et de son activité physique. Néanmoins, on peut donner quelques repères de températures pour la pratique du seatrekking.

Température de l'eau :

  • < 12°C : très froide, combinaison intégrale épaisse indispensable
  • 12 à 18°C : froide, combinaison intégrale recommandée
  • 18 à 24°C : fraîche, combinaison shorty ou intégrale fine
  • > 24°C : tempérée, maillot de bain généralement suffisant avec protection anti UV sur le corps

Température de l'air :

  • * < 10°C : froid, nécessite une combinaison intégrale
  • 10 à 18°C : frais, une combinaison shorty ou intégrale est recommandée
  • 18 à 25°C : confortable, maillot de bain ou combinaison shorty
  • > 25°C : chaud, maillot de bain suffisant

Il est important de noter que ces fourchettes sont indicatives et que le ressenti peut varier en fonction des conditions (vent, humidité, durée d'immersion), et bien sûr que le temps passé dans l'eau, et l'activité physique qu'on y exerce sont déterminant.

Maintenir sa température corporelle

Pour pratiquer le seatrekking en toute sécurité et tout confort, il est primordial de maintenir sa température corporelle. En effet, une hypothermie, même légère, peut entraîner une perte de dextérité, des troubles de la concentration et un épuisement prématuré. À l'inverse, une hyperthermie due à une combinaison trop chaude peut provoquer déshydratation et malaises. Le choix d'une combinaison adaptée à la température de l'eau et à ses propres tolérances est donc particulièrement important, les différents types de combinaisons et les autres équipements thermiques (cagoule, chaussons, gants) seront détaillés dans le chapitre "Équipement".

La température, qu'elle soit ressentie à l'air libre ou au contact de l'eau, conditionne grandement le confort et la sécurité en seatrekking. Avant chaque sortie, il convient de consulter les prévisions météorologiques, de relever la température de l'eau et de s'équiper en conséquence. Une bonne gestion des aspects thermiques permet de profiter pleinement des joies du seatrekking, quelle que soit la saison !

Connaissance du littoral terrestre

Le sentier côtier, un fil d'Ariane pour découvrir le littoral

Le sentier côtier, souvent ancien chemin douanier, offre une façon privilégiée de découvrir la diversité et la beauté des paysages littoraux. En France, le GR34 est un exemple emblématique : il fait le tour de la Bretagne sur plus de 2000 km, alternant entre hauts de falaise vertigineux, criques secrètes et longues plages de sable fin. Emprunter le sentier côtier, c'est prendre de la hauteur pour embrasser du regard toute la richesse du littoral, de votre parcours, avec parfois des points de vue à couper le souffle. Mais attention, s'aventurer au bord des falaises nécessite la plus grande prudence : restez sur le sentier balisé, ne vous approchez pas trop du bord, et méfiez-vous du vent et des sols glissants.

L'estran, un monde à part entre terre et mer

L'estran, c'est cette zone fascinante qui se découvre et se recouvre au gré des marées. C'est un milieu de transition, ni tout à fait marin, ni tout à fait terrestre, qui abrite une biodiversité foisonnante. Selon la nature du substrat, on distingue différents types d'estran :

  • L'estran sableux, avec ses plages de sable ou de galets (appelées grèves)
  • L'estran rocheux, royaume des algues, des anémones et des étoiles de mer, qui se découvre à marée basse comme un paysage lunaire.
  • L'estran vaseux, dans les estuaires et les baies abritées.

Pour le seatrekkeur, l'estran est un terrain de jeu et d'exploration inépuisable. Muni d'un guide d'identification, vous pourrez y passer des heures à découvrir toutes sortes d'organismes marins, des plus discrets aux plus insolites.

Des côtes rocheuses aux grottes marines

Au-delà de l'estran, le littoral terrestre offre une grande variété de paysages et de milieux. Les côtes rocheuses, sculptées par les vagues et le vent, dessinent des criques, des falaises, des arches, des grottes marines. Chaque type de roche apporte sa touche particulière : le granite rose de Ploumanac'h, le calcaire blanc des falaises d'Étretat, le schiste noir de la pointe du Raz. Au pied des falaises, à marée basse, c'est un autre monde qui se dévoile : on y trouve souvent des parois tapissées d'algues et de berniques, de moules, de pouces-pieds, d'oursins, des surplombs abritant des anémones et des éponges colorées, des grottes où se cachent les poulpes et les congres. Mais ces zones ne sont pas toujours accessibles, et nécessitent de bien connaître les horaires de marée et les conditions de houle pour éviter tout risque.

Le littoral terrestre offre des paysages spectaculaires, mais le terrain est souvent délicat et nécessite attention. Dans tous les cas, renseignez-vous sur les horaires de marée pour ne profiter pleinement et n'hésitez pas à demander conseil auprès des locaux. En le parcourant avec les yeux de l'explorateur et la curiosité du naturaliste, vous en percevrez toute la beauté et la complexité.

Connaissance de la biodiversité marine

Une immersion dans l'infini bleu L'océan regorge d'une biodiversité extraordinaire, avec des millions d'espèces vivantes, des plus microscopiques aux plus gigantesques. Ce chapitre n'a pas la prétention d'être exhaustif sur ce sujet immense et fascinant. Son ambition est plutôt de vous donner un aperçu de cette richesse, d'éveiller votre curiosité et de vous donner envie de plonger plus profondément dans cet univers au travers d'ouvrages dédiés.

Une cohabitation respectueuse

La biodiversité ne saurait être assimilée à une simple liste d’espèces peuplant un écosystème particulier, elle est considérablement plus qu’un catalogue ou un inventaire. C’est, en fait, l’ensemble des interactions établies par les êtres vivants entre eux, ainsi qu’avec leur environnement. Au-delà des chiffres et des connaissances scientifiques, il est donc essentiel de prendre conscience et de ressentir au fond de soi-même que les espèces marines sont des habitants de la Terre au même titre que nous, les humains. Nous partageons la même planète, le même besoin vital d'un océan en bonne santé. En tant que seatrekkeurs, nous avons la chance d'aller à la rencontre de cette vie marine, et la responsabilité d'adopter une attitude respectueuse et bienveillante envers elle.

Quelques grandes familles d'animaux marins

  • Les mammifères marins regroupent les cétacés (baleines, dauphins, marsouins), les siréniens (dugongs, lamantins) et certains carnivores (phoques, otaries). Ils ont en commun d'être des animaux à sang chaud, de respirer l'air en surface et d'allaiter leurs petits.
  • Les poissons sont des animaux vertébrés aquatiques à branchies, pourvus de nageoires et dont le corps est le plus souvent couvert d'écailles. On estime qu'il existe plus de 30 000 espèces de poissons, des minuscules gobies aux gigantesques requins-baleines.
  • Les cnidaires sont des animaux relativement simples, possédant des cellules urticantes appelées cnidocytes. On y retrouve les méduses, les anémones de mer et les coraux. Certaines méduses peuvent être dangereuses pour l'homme, comme la cuboméduse d'Australie.
  • Les échinodermes sont des animaux marins au corps recouvert d'un squelette calcaire, souvent hérissé de piquants. Cette famille comprend les étoiles de mer, les oursins, les concombres de mer et les crinoïdes. Ils sont pour la plupart des animaux benthiques, c'est-à-dire vivant sur les fonds marins.
  • Les arthropodes marins sont représentés par les crustacés : crabes, homards, crevettes, langoustes, etc. Ils possèdent un exosquelette chitineux et des pattes articulées. De nombreuses espèces sont comestibles et font l'objet d'une pêche intensive.
  • Les mollusques constituent un embranchement très diversifié, comprenant les gastéropodes (escargots, limaces de mer), les bivalves (moules, huîtres, palourdes), les céphalopodes (poulpes, calmars, seiches) et bien d'autres. Leur corps mou est souvent protégé par une coquille calcaire.
  • Les spongiaires, aussi appelées éponges de mer, les spongiaires sont des animaux aquatiques primitifs, sans organes ni tissus véritables. Leur corps est constitué d'un squelette poreux entouré de cellules flagellées. Elles sont souvent très colorées et de formes variées.

Quelques grandes familles d'algues et de plantes marines

  • Les algues brunes sont des organismes photosynthétiques pluricellulaires, appartenant au règne des Chromistes. Elles possèdent des pigments bruns qui masquent la chlorophylle, d'où leur couleur caractéristique. On les trouve principalement dans les eaux froides et tempérées. Exemples : les laminaires, les fucus, les sargasses.
  • Les algues vertes sont des organismes photosynthétiques uni- ou pluricellulaires, appartenant au règne des Plantae. Elles possèdent de la chlorophylle a et b, comme les plantes terrestres. On les trouve dans presque tous les milieux aquatiques, des eaux douces aux eaux marines. Exemples : les ulves, les caulerpes, les codiums.
  • Les algues rouges, aussi appelées rhodophytes, sont des organismes photosynthétiques principalement pluricellulaires. Elles possèdent des pigments rouges et bleus en plus de la chlorophylle a. Elles sont présentes majoritairement en milieu marin. Exemples : les corallines, les gracilaires, les porphyres.
  • Les posidonies sont des plantes à fleurs sous-marines, endémiques de la Méditerranée. Elles forment de vastes prairies sous-marines appelées herbiers, qui constituent un écosystème clé pour de nombreuses espèces animales. Les herbiers de posidonies sont menacés par la pollution, l'ancrage des bateaux et le chalutage.

En seatrekking, vous aurez l'occasion de découvrir ces différents types d'algues et d'herbiers, qui abritent une faune marine très riche. Les algues brunes, comme les laminaires, forment de véritables forêts sous-marines dans les eaux froides. Les algues vertes, comme les ulves, tapissent souvent les fonds rocheux peu profonds. Les algues rouges, comme les corallines, peuvent former des tapis colorés sur les rochers. Quant aux herbiers de posidonies, ils offrent un spectacle unique en Méditerranée, avec leurs longues feuilles ondulant dans le courant.

N'hésitez pas à vous munir d'un guide d'identification des animaux, algues et des plantes marines pour apprendre à les reconnaître lors de vos sorties.

Connecter avec le cœur et la raison

Pour apprécier et protéger la biodiversité marine, deux approches complémentaires sont nécessaires. La première est émotionnelle, sensible : c'est la connexion directe avec les animaux marins, la joie des rencontres subaquatiques, l'émerveillement face à la beauté et l'étrangeté des formes de vie. La seconde est rationnelle, scientifique : c'est la connaissance des espèces, de leurs interactions, des écosystèmes, indispensable pour comprendre les enjeux de leur préservation.

Le seatrekking offre une formidable opportunité de combiner ces deux approches. En nageant au milieu des poissons, en observant le balai des anémones, en écoutant le chant des baleines, nous tissons un lien sensible avec le vivant sous-marin. En apprenant à identifier les espèces, en comprenant leur mode de vie, nous devenons des acteurs conscients et responsables de leur protection.

Que vous soyez débutant ou expérimenté en seatrekking, n'hésitez pas à vous plonger dans les ouvrages naturalistes, à participer à des sorties guidées, à aiguiser votre regard et votre connaissance du monde marin. C'est en cultivant cette double connexion, par le cœur et la raison, que nous pourrons le mieux contribuer à la préservation et à la régénération de l'incroyable biodiversité marine.